Vainqueurs actuels
Félicitations aux derniers lauréats de chaque prix !
Lauréats 2024
La Société canadienne des microbiologistes a le plaisir d’annoncer les lauréats de cette année. Félicitations à tous pour votre travail acharné et vos contributions à la microbiologie au Canada !
Prix Murray du CSM pour l'ensemble de la carrière :
Caroline Duchaine, Université Laval, Laval, Québec
Ce prix est rendu possible grâce au soutien financier de Canadian Science Publishing (éditeur des revues des Presses scientifiques du CNRC). Leur engagement et leurs services en faveur de la recherche et de l’enseignement de la microbiologie au Canada sont très appréciés.
BIOGRAPHIE
Caroline Duchaine est professeure titulaire au Département de biochimie, microbiologie et bioinformatique de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les bioaérosols. Caroline a commencé à travailler sur les bioaérosols pendant ses études doctorales, où elle a étudié l’impact des inoculants de foin sur la qualité de l’air dans les fermes laitières, en se concentrant sur la maladie pulmonaire de l’agriculteur. Par la suite, ses stages postdoctoraux lui ont permis de développer une expertise sur les bioaérosols fongiques en milieu industriel et les approches moléculaires appliquées aux contextes d’exposition humaine. Elle a commencé son programme de recherche au Centre de recherche de l’Institut de cardiologie et de pneumologie du Québec (IUCPQ) en 2000, après avoir obtenu des bourses de recherche des IRSC et du FRQS, et un poste de professeur à l’Université Laval. Ses travaux s’articulent autour de trois thèmes principaux : l’amélioration des outils d’évaluation de l’exposition aux bioaérosols et de leurs effets sur la santé humaine et animale, la compréhension du comportement des agents microbiens aérosolisés, et le développement et l’application de méthodes d’atténuation des bioaérosols. Grâce à plus de 140 projets de recherche financés et à la formation de plus de 150 étudiants, stagiaires et boursiers, ainsi qu’au mentorat de professeurs en début de carrière, Caroline a consolidé une expertise unique, tant par sa diversité que par ses applications. Son laboratoire a conçu et construit plusieurs bancs d’essai pour l’étude en laboratoire des virus et des bactéries en aérosol. Il travaille en étroite collaboration avec des médecins, des dentistes, des ingénieurs, des bioinformaticiens, des physiciens, des hygiénistes industriels et des vétérinaires, et a développé un programme de recherche transdisciplinaire qui a fait progresser la recherche sur les bioaérosols, ainsi que l’enseignement et le transfert de connaissances dans ce domaine. Ses travaux sur les archées dans les bioaérosols, l’aérovirologie, la biodéfense, les systèmes d’atténuation (filtres antimicrobiens, masques, traitements de l’air) et l’exposition professionnelle figurent parmi les contributions significatives de son laboratoire.
DÉTAILS DE LA CONFÉRENCE SUR LE PRIX
Date et heure : mercredi 26 juin 2024, 14h00 – 15h00 HAE
Titre : Bioaérosols : de la ferme à COVID-19 et au-delà !
Résumé :
Le contenu biologique de l’air a longtemps été négligé, alors qu’il était souvent à l’origine d’infections professionnelles inexpliquées chez les travailleurs de laboratoire. Les défis méthodologiques associés à l’échantillonnage et à l’analyse des bioaérosols ont probablement entravé les progrès de la recherche. Cependant, l’échantillonnage sélectif en fonction de la taille et de la culture a fait progresser l’étude des bioaérosols dans le contexte agricole au cours des années 1960, lorsque la maladie du poumon de fermier était une maladie fréquente dans les pays du Nord.
Lorsque l’utilisation de l’ADN s’est généralisée en microbiologie, les chercheurs ont commencé à explorer la diversité des bioaérosols. On a ainsi découvert que les bioaérosols d’archées sont abondants et jouent un rôle dans l’inflammation pulmonaire. Dans le domaine de la biodéfense, la recherche sur les bioaérosols est devenue cruciale pour le développement de méthodes de détection en temps réel des agents de menace biologique potentiels, en se concentrant sur l’autofluorescence des spores bactériennes dans les bioaérosols, bien que l’interprétation de ces méthodes de détection se soit révélée difficile.
Les domaines médicaux, tels que la dentisterie et la prévention des infections, ont également permis de mieux comprendre le rôle des particules en suspension dans la gestion de diverses maladies infectieuses et non infectieuses. En outre, les contextes agricoles et industriels ont été associés à des maladies respiratoires chez les animaux et les humains. La combinaison des approches moléculaires émergentes, des méthodes de culture, de l’ingénierie et des sciences du bâtiment a permis de mieux comprendre les effets de l’exposition sur la santé et d’élaborer des stratégies d’atténuation.
Aujourd’hui, l’air est reconnu comme une voie importante de transmission de plusieurs maladies. La définition des aérosols a été révisée lors de la pandémie COVID-19, grâce à des échanges ouverts entre différents domaines d’expertise. Bien que la voie aérienne soit désormais considérée comme un moyen majeur de dissémination des gènes de résistance aux antibiotiques, la communauté scientifique reste confrontée à des défis importants dans l’interprétation des données.
La recherche sur les bioaérosols représente un terrain de jeu rêvé pour la recherche multidisciplinaire et les interventions significatives dans notre monde en mutation rapide.
Prix Thermo Fisher Scientific :
Isabelle Laforest-Lapointe, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec
Cette conférence est rendue possible grâce au soutien financier de Thermo Fisher Scientific. Leur engagement et leurs services en faveur de la recherche et de l’enseignement de la microbiologie au Canada sont très appréciés.
BIOGRAPHIE
Pr. Laforest-Lapointe a rejoint le département de biologie de l’Université de Sherbrooke en janvier 2020 où elle est titulaire d’une chaire de recherche du Canada T2 en écologie microbienne appliquée. Elle a obtenu une licence à l’Université Laval (Québec), une maîtrise en écologie à l’Université Autònoma de Barcelone et une maîtrise professionnelle en statistiques à l’Université Politèchnica de Catalunya (toutes deux à Barcelone, Espagne). Elle est ensuite revenue à Montréal pour effectuer un doctorat en biologie sur les interactions arbre-microbe avec le Pr. Steven Kembel, suivi d’un stage postdoctoral à l’Université de Calgary avec le Pr. Marie-Claire Arrieta sur la dynamique écologique du microbiome humain au début de la vie. Pr. Laforest-Lapointe s’appuie sur cette expertise interdisciplinaire en microbiologie, génomique, écologie, bioinformatique et statistiques pour étudier les interactions hôte-microbe et leur rôle dans la santé de l’hôte et les fonctions de l’écosystème. Elle dirige un laboratoire dynamique animé par les valeurs de la communauté et de l’excellence.
DÉTAILS DE LA CONFÉRENCE SUR LE PRIX
Date et heure : Mardi 25 juin 2024, 17h00 – 18h00 HAE
Titre : Interactions hôte-microbe : un voyage des microbiomes forestiers aux microbiomes humains à travers le prisme de l’écologie microbienne
Résumé :
Au cours des trois dernières décennies, de nouvelles méthodes de séquençage à haut débit ont permis aux microbiologistes d’améliorer la compréhension des communautés microbiennes : leur identité, leur structure, leur diversité, leur dynamique et leurs fonctions. Plus important encore, ces communautés microbiennes ou « microbiomes » jouent un rôle clé pour leur hôte macroscopique (par exemple, la plante, l’homme) et, à plus grande échelle, pour les services et fonctions de l’écosystème, en particulier dans le contexte de l’accélération du changement mondial. Dans cet exposé, je présenterai les résultats de mes recherches multidisciplinaires sur les microbiomes végétaux et humains dans les environnements naturels et urbains, un voyage qui vous mènera des arbres tempérés aux mousses boréales, à l’intestin humain au début de la vie, et enfin au cœur des villes. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour comprendre, prédire et éventuellement manipuler la dynamique des communautés microbiennes, en utilisant des techniques dépendantes et indépendantes de la culture, ainsi qu’en adaptant les modèles théoriques de l’écologie des communautés macroscopiques.
Prix Armand-Frappier de l'étudiant exceptionnel :
Fares Saïdi, Aix-Marseille Université, Marseille, France
Cette conférence est rendue possible grâce au soutien financier de la Société canadienne des microbiologistes.
BIOGRAPHIE
Fares Saïdi a d’abord obtenu sa licence (biologie cellulaire) et sa maîtrise (microbiologie, biologie végétale et biotechnologie) à l’université d’Aix-Marseille. Il a ensuite rejoint le laboratoire du professeur Salim Timo Islam à l’INRS-Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie (qui fait partie du réseau Pasteur) à Laval, où il a obtenu une maîtrise (microbiologie appliquée) et un doctorat (biologie). Son travail de doctorat a élucidé la contribution des polysaccharides sécrétés à la multicellularité bactérienne, en utilisant la bactérie prédatrice sociale du sol Myxococcus xanthus comme système de développement modèle. On a constaté que les polymères sécrétés coordonnaient les comportements au sein des communautés bactériennes, grâce à des effets exercés à la fois au niveau de l’essaim et au niveau de la cellule unique. Ces effets ont été modulés par la perturbation nécessaire de l’intégrité du glycocalyx à la surface des cellules par la sécrétion d’un nouveau polysaccharide biosurfactant. Ces travaux ont également permis de découvrir un nouveau paradigme de sécrétion de polysaccharides commun à la plupart des bactéries Gram-négatives et Gram-positives, et de développer des composés de chimie click rentables pour l’imagerie bactérienne sur cellules vivantes.
DÉTAILS DE LA CONFÉRENCE SUR LE PRIX
Date et heure : Lundi 24 juin 2024, 17h00 – 18h00 HAE
Titre: Élucidation des rôles des polysaccharides sécrétés dans la multicellularité bactérienne
Résumé :
Des avancées récentes remettent en question la perception traditionnelle de la véritable « multicellularité » (impliquant la spécialisation des cellules au sein d’une population contiguë) comme étant exclusive aux eucaryotes, en révélant sa présence chez les procaryotes tels que Myxococcus xanthus. Étudiée par le laboratoire Islam, la bactérie M. xanthus présente une multicellularité adaptative grâce à un cycle de développement complexe, formant des sous-populations cellulaires distinctes au sein des corps fructifères (c’est-à-dire des spores, des bâtonnets périphériques et des cellules butineuses) dans des conditions pauvres en nutriments. La complexité de M. xanthus repose sur des polysaccharides provenant de voies dépendantes des transporteurs ABC incomplètement annotées (par exemple, la coiffe de l’antigène O du lipopolysaccharide [LPS]) et dépendantes de Wzx/Wzy (produisant l’enveloppe de la spore principale [MASC] et l’exopolysaccharide [EPS]). Mes études de doctorat visaient à élucider les mécanismes à l’origine de ces stratégies multicellulaires bactériennes médiées par les polysaccharides, afin de mettre en lumière leurs contributions à l’organisation microbienne. En 2020, j’ai d’abord élucidé les protéines restantes de la voie classiquement définie Wzx/Wzy-dépendante nécessaires à la production de MASC et d’EPS, y compris les protéines supposées médier l’étape finale de la sécrétion à travers la membrane externe via les pores α-hélicoïdaux OPX (outer-membrane polysaccharide export) ; ce travail a également permis de découvrir une troisième voie inconnue auparavant, dont le produit est un nouveau polysaccharide biosurfactant (BPS). On a constaté que la sécrétion spatialement distincte d’EPS et de BPS dans un essaim influençait l’organisation et l’expansion au niveau de l’essaim. En 2021, j’ai révélé la nécessité de la sécrétion de BPS pour déstabiliser fonctionnellement le glycocalyx EPS à la surface des cellules, en mettant en évidence le rôle de l’interaction EPS-BPS dans le façonnement du comportement multicellulaire par la modification de la fonctionnalité du pilus de type IV, de l’hydrophobicité de la surface des cellules, de l’empaquetage des biofilms et de la motilité de glissement d’une cellule unique. En 2022, j’ai ensuite étudié les effets de l’intégrité du glycocalyx de l’EPS sur la perméabilité cellulaire, démontrant le rôle complexe du glycocalyx en tant que barrière physique et éponge moléculaire pour divers agents toxiques. Mon travail de 2022, qui a changé le paradigme, a ensuite remis en question des croyances de longue date, en révélant que la plupart des systèmes de sécrétion de polysaccharides (dépendant des transporteurs Wzx/Wzy ou ABC) n’utilisent pas de pore OPX α-hélicoïdal à portée de la membrane externe, y compris le pore OPX α-hélicoïdal. M. xanthus Ils utilisent plutôt des porines β-barrel couplées fonctionnellement à des homologues OPX tronqués sans hélice α pour assurer la médiation de la sécrétion de polysaccharides vers l’extérieur de la cellule. Enfin, toujours en 2022, après avoir élucidé la structure du LPS de M. xanthus, j’ai mis au point une méthode d’imagerie des cellules vivantes par marquage métabolique du LPS à l’aide d’un sucre 8-N3-Kdo synthétisé à bon marché et de la chimie click. Ensemble, ces études (qui ont constitué l’épine dorsale de ma thèse de doctorat) ont fondamentalement modifié notre compréhension de la multicellularité bactérienne dépendante des polysaccharides et offrent de nouvelles cibles pour le développement d’antimicrobiens.
Le prix Burrows pour les femmes en microbiologie :
Mme Rana Ahmed, Université du Manitoba, Winnipeg, Manitoba
Ce prix est rendu possible grâce au soutien du Dr Burrows, du Michael G. DeGroote Institute for Infectious Disease Research de l’Université McMaster et de la Société canadienne des microbiologistes.
BIOGRAPHIE
Mme Rana Ahmed, née le 1er juillet 1996, passera d’un programme de maîtrise à un programme de doctorat à l’Université du Manitoba à l’automne prochain. Elle est titulaire d’une licence en microbiologie de l’université du canal de Suez, en Égypte, et a obtenu des diplômes en physiologie humaine et biochimie, en bio-informatique et en microbiologie appliquée et médicale. Sous la direction du Dr Deborah Court, ses recherches utilisent la levure pour étudier l’élimination des toxines des mitochondries, contribuant ainsi à la compréhension de la détoxification cellulaire et de la fonction mitochondriale.
Mme Ahmed a présenté ses recherches lors de conférences importantes et a reçu de nombreux prix, notamment le prix Margaret McNamara Education Grants Award du MMEG, le prix du meilleur poster à la conférence de la CSMB, le prix FGS Research Completion Award et la troisième place au concours MHRE. Elle a également été finaliste du concours de pitch TDS Science Spark 3K.
En dehors du monde universitaire, Mme Ahmed est une bénévole active, assumant des rôles de leadership dans le Programme des leaders interculturels et le programme de l’EUMC pour les réfugiés. Elle encadre des étudiants dans le cadre des programmes de mentorat SSA et MiSC, gère les étudiants de premier cycle dans le cadre du concours MHRE Research Pitch Competition et soutient la banque alimentaire de l’Université du Manitoba. Elle est également bénévole au Science Rendezvous, au Language Exchange Program, à l’International Centre, et participe à des marathons pour la sensibilisation au cancer chez les enfants.
Ses contributions à la communauté lui ont valu des prix tels que le Faculty of Science Award for Excellence in Teaching Assistance, le RBC Bright Future Award, le Most Involved in Community Award et la Tony T.K. Lau Scholarship for Volunteer Services to International Students. Ces expériences lui ont permis d’affiner ses compétences en matière de communication, de gestion de projet et de plaidoyer.
Prix de l'Ambassadeur du CSM :
Alice Perrault-Jolicoeur, Université Laval, Laval, Québec
Ce prix est rendu possible grâce au soutien financier de la Société canadienne des microbiologistes.
BIOGRAPHIE
Après une brève carrière de chef professionnel qui m’a amené à Londres (UK), Montreux (CH), Montréal et Toronto (CA), j’ai terminé mes études de premier cycle en sciences de l’alimentation. Spécialisée dans la fabrication de fromages au cours de ma formation, j’ai eu l’occasion de travailler chez Laura Chenel Chevre, une usine de fromages de chèvre en Californie (États-Unis). Depuis 2018, je fais partie du laboratoire du professeur Sylvain Moineau à l’Université Laval qui étudie l’interaction phage-hôte dans les installations de fermentation laitière. Je suis passionné par la biologie des phages et j’envisage d’effectuer un stage postdoctoral à l’issue de mon doctorat.